Annie Girardot
Il est de ces actrices qui vous transcende, Annie Girardot était de celle là.
Cela paraît peut être démagogique de dire ça mais pour moi c'est vrai. Elle avait un talent incroyable, une force qu'elle arrivait à transfigurer à l'écran comme personne.
Elle incarna des femmes de caractères qui ne laissaient jamais les autres décider à sa place. A l'écran elle était forte et tenait bon. Très en avance sur son temps et la figure féminine de l'époque. Elle bouscula les conventions avec ces rôles de femmes prenant le pouvoir dans l'univers désuet et daté des hommes qui ne comprennent pas ce qui leur arrive.
Pour moi, l'image que j'ai d'Annie Girardot c'est "la Zizanie" avec Louis de Funès et "Elle boit pas, elle fume, elle drague pas... mais elle cause". Ce sont les films de mon enfance. J'ai découvert bien plus tard l'actrice immense qu'elle fut.
Ce que j'aimais le plus c'était sa voix, sa gouaille. Il n'y avait pas d'équivoque, elle disait ce qu'elle pensait.
En tant que femme en devenir, j'admirais ce qu'elle incarnait à l'écran. Je voulais ressembler à ça : une femme indépendante capable de faire aussi bien voir mieux que les hommes.
Et puis elle a disparu de nos écrans jusqu' à ce jour de 1996 et de son césar du second rôle. Ce soir là j'ai pleuré à chaudes larmes. D'ailleurs quand je revois ces images mon coeur se serre. Tout d'un coup on prend en pleine figure la drueté, l'hypocrisie de ce métier, elle qui avait tant donné au cinéma français.
Elle s'en est allé rejoindre l'homme de sa vie qu'elle rencontra sur le tournage de "Rocco et ses frères" de Visconti. Désormais, la mémoire ne lui fera plus défaut et j'espère, je souhaite que la notre ne l'oublit jamais.